avec Camille Alborghetti, cofondatrice d’EthicDrinks
À la rencontre des entreprises qui s’engagent autrement
Avec Derrière la RSE – paroles d’engagement, Aggelos part à la rencontre de dirigeant·es qui cherchent à concilier convictions personnelles, réalité économique et impact durable.
Face à l’urgence écologique et sociale, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’intentions. Cette série d’entretiens donne la parole à celles et ceux qui font vivre la responsabilité au quotidien.
➡️Derrière la RSE, paroles d’engagements
À travers ces entretiens, nous explorons la façon dont l’engagement se construit : souvent sans plan, à force d’intuition, de tensions, d’essais et d’erreurs. Il ne s’agit pas de dresser des modèles, mais de comprendre comment la RSE s’enracine peu à peu dans les cultures d’entreprise, jusqu’à devenir un langage commun.
Chaque échange révèle une manière d’agir, une cohérence, une trajectoire singulière.
Avec Camille Alborghetti, cofondatrice d’EthicDrinks, pionnière d’un vin éthique et accessible, la responsabilité se goûte autant qu’elle se partage. Une conversation sur la cohérence, la patience et la conviction tranquille de ceux qui ont choisi d’agir autrement.
Une conviction née du terrain
Éloi Choplin : Camille, avant EthicDrinks, quel a été votre parcours ?
Camille Alborghetti : Je suis ingénieure agroalimentaire. J’ai travaillé chez Nestlé, puis dans d’autres structures du secteur alimentaire, plutôt en marketing. En arrivant à Bordeaux, j’ai eu envie de me rapprocher du vin. En 2019, Mickael a lancé EthicDrinks, et j’ai rejoint le projet au moment du Covid. C’était une période instable : je venais de perdre mon poste, mais c’était aussi une chance de me lancer dans une aventure pleine de sens.
E.C. : Et dès le départ, l’engagement était au cœur du projet ?
C.A. : Oui. On voulait proposer un vin plus respectueux de l’environnement. À l’époque, il y avait déjà du bio, mais la démarche s’arrêtait souvent au produit. Nous, on voulait penser toute la chaîne, de l’amont à l’aval : du fournisseur au transport. L’après-Covid a accéléré cette prise de conscience : les consommateurs recherchaient du sens, même dans leur façon d’acheter du vin.
Un engagement intégré dès la première cuvée
C.A. : On n’a pas créé une entreprise pour ensuite lui ajouter un vernis RSE. On l’a construite directement autour de ça. La capsule, par exemple, on l’a remplacée par un papier recyclé. Les bouteilles sont plus légères, les étiquettes responsables, et on a très tôt engagé la démarche B Corp.
Dès le début, tout était pensé pour minimiser notre empreinte. C’est plus simple de faire bien dès le départ que de corriger ensuite.
E.C. : Vous étiez donc parmi les premiers à aborder le vin de cette manière.
C.A. : Oui, on peut dire qu’on a été précurseurs. En 2019, ce type d’approche n’existait quasiment pas. Aujourd’hui, on voit d’autres acteurs s’y mettre, et c’est une très bonne chose. Ça montre que le mouvement avance.
Dévisser les certitudes du monde du vin
E.C. : Le monde du vin est souvent vu comme très attaché à ses traditions. Comment le marché a-t-il réagi ?
C.A. : Au début, il y a eu des réticences. Supprimer la capsule, alléger les bouteilles, retirer les dorures… ça ne passait pas inaperçu. Il a fallu beaucoup expliquer, convaincre, faire preuve de pédagogie. Mais en donnant du sens, les gens ont fini par comprendre. Aujourd’hui, c’est plutôt bien accueilli, notamment à l’international.
On explique tout, jusque sur nos contre-étiquettes : pourquoi choisir ce vin, en quoi il est plus respectueux. C’est devenu un vrai levier de différenciation.
Les émotions du chemin
E.C. : Vous aviez déjà cette conviction avant de rejoindre EthicDrinks ?
C.A. : Oui. Chez Nestlé, j’ai beaucoup appris, mais je ressentais une frustration : tout allait vite, souvent au détriment de la cohérence. Travailler chez EthicDrinks, c’était retrouver du sens.
Et puis il y a les clients : ils croient au projet, ils nous encouragent. C’est ce qui nous porte dans les moments plus difficiles. On se dit qu’on contribue, à notre échelle, à transformer la filière.
Nos vins sont accessibles — la plupart à moins de 10 euros — parce qu’on veut prouver que la qualité et la responsabilité ne doivent pas être réservées à une élite.
Conseil à ceux qui hésitent
E.C. : Que diriez-vous à une entreprise qui aimerait s’engager, mais ne sait pas par où commencer ?
C.A. : Il faut y aller étape par étape. On ne change pas tout du jour au lendemain. Ce qui compte, c’est d’avancer, même petit à petit. Et surtout, valoriser ce qu’on fait déjà : chaque pas compte.
Au-delà du vin, une philosophie de marque
E.C. : Vous ouvrez aujourd’hui le champ au-delà du vin ?
C.A. : Oui. C’est d’ailleurs pour ça qu’on s’appelle EthicDrinks et pas EthicWine. Dès le départ, on voulait une marque ouverte à d’autres boissons. Aujourd’hui, on développe des gammes sans alcool, toujours dans la même philosophie.
Et notre label B Corp nous aide beaucoup, notamment sur le marché américain. Il apporte de la crédibilité et nous relie à un réseau d’entreprises qui partagent les mêmes valeurs.
Pour conclure… L’éthique, un moteur collectif
Pour nous, Aggelos, certifiée B Corp depuis plus de dix ans, ces échanges nourrissent une conviction : l’éthique n’est pas un supplément, mais un moteur. Ethic Drinks en est la preuve vivante : une entreprise qui conjugue exigence et accessibilité, innovation et humilité.
C’est cette cohérence que nous accompagnons à travers nos dispositifs RSE, nos stratégies de communication responsable et nos programmes d’engagement collectif.
Pour aller plus loin
- le site de Ethic Drinks – https://ethicdrinks.fr/
