Le souffle « Initiale » : là où l’engagement respire la RSE !

Octobre 2024

Explorer la RSE à travers celles et ceux qui la vivent

avec Anne-Laure Marin – Fondatrice et dirigeante de l’agence Initiale

Face à l’urgence écologique et sociale, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’intentions. Cette série d’entretiens donne la parole à celles et ceux qui font vivre la responsabilité au quotidien. C’est pour cela que nous avons décidé de lancer une série d’échanges réguliers avec des responsables RSE engagés — qu’ils soient dirigeants, managers, communicants ou membres de comités exécutifs.

➡️​Derrière la RSE, paroles d’engagements

À travers ces entretiens, nous explorons la façon dont l’engagement se construit : souvent sans plan, à force d’intuition, de tensions, d’essais et d’erreurs. Il ne s’agit pas de dresser des modèles, mais de comprendre comment la RSE s’enracine peu à peu dans les cultures d’entreprise, jusqu’à devenir un langage commun.

Chaque échange révèle une manière d’agir, une cohérence, une trajectoire singulière.

Rencontre avec Anne-Laure Marin, fondatrice de l’agence Initiale, labellisée B Corp, qui a choisi de bâtir son entreprise autour d’un double socle : le bien-être et l’impact.

Un engagement né d’un double déclic

Éloi Choplin : Tout part souvent d’un déclic. Le tien, il vient d’où ?
Anne-Laure Marin : D’un double mouvement, personnel et professionnel.
Personnel, parce que l’école publique a profondément marqué mon parcours : j’ai bénéficié de bourses et d’un programme d’égalité des chances pour mes études supérieures. J’ai grandi avec cette conviction qu’il faut redonner ce qu’on a reçu. Cet ancrage m’a toujours guidée.
Professionnel, parce que j’ai longtemps voulu travailler pour l’intérêt général. J’ai donc commencé ma carrière par des expériences dans le public, en préfecture, en cabinet ministériel, au Parlement européen, avant de découvrir le secteur privé. J’y ai vu qu’on pouvait aussi agir pour la collectivité, avec un impact parfois plus immédiat.

Quand j’ai créé Initiale, j’avais cette idée simple : réveiller les consciences et mettre en valeur des initiatives positives à travers les relations presse pour inspirer le plus grand nombre. C’est en rédigeant le communiqué d’une cliente fraîchement labellisée B Corp que j’ai ouvert, par curiosité, le fameux BIA. Et là, tout s’est aligné. Ce questionnaire est devenu le mode d’emploi de mon entreprise.

Curiosité d’abord, révélation ensuite : j’ai construit mon entreprise à partir de lui. C’était en 2019, et tout est parti de là.


Bâtir la boîte dans laquelle on aurait aimé travailler

E.C. : Comment embarque-t-on une équipe dans une telle démarche ?
A.-L.M. : En partant d’une idée très simple : « bâtis la boîte dans laquelle tu aurais aimé travailler » !
Notre métier chez Initiale, c’est de faire parler celles et ceux qui font bouger les lignes. Mais on ne peut pas y parvenir sans une équipe motivée, qui a envie d’y croire et de se dépasser. Charge donc à l’agence de reconnaître la valeur de chacun et de lui témoigner cette reconnaissance à tous les niveaux : pouvoir d’achat, qualité de vie et conditions de travail, équilibre vie pro-vie perso.

J’ai imaginé Initiale comme un tremplin qui accompagne les moments-clés de la vie de ses collaborateurs. Et en retour, on obtient bien plus qu’un bon climat de travail : une équipe engagée, soudée, alignée.

Quand le souffle de l’engagement devient moteur

E.C. : Beaucoup voient les labels comme une contrainte. Chez toi, c’est tout le contraire.
A.-L.M. : Oui, c’est un cadre, pas un carcan. L’engagement structure nos décisions, à l’externe (quels messages a-t-on envie de porter à travers ceux de nos clients) comme en interne. Très concrètement, l’épargne salariale, la crèche d’entreprise ou les formations collaborateurs font partie des fondamentaux de l’agence.
Ce modèle suppose d’anticiper, d’inscrire le partage de la valeur dans les charges naturelles de l’entreprise. Ce n’est pas “quand ça va bien, on partage” ; c’est “on partage pour que ça aille bien.”

Les émotions du chemin d’Initiale

E.C. : Ce n’est pas un parcours de tout repos. Qu’est-ce qui te porte, toi ?
A.-L.M. : Parfois, c’est le vertige. La croissance, les appels d’offres, les contrats à renouveler… J’ai souvent l’impression d’avoir deux cerveaux qui dialoguent : celui du long terme, qui rêve l’agence idéale, et celui du court terme, qui veille à faire le chiffre. C’est un exercice d’équilibriste permanent.

Mais il y a surtout la joie.
La joie de voir l’équipe s’accomplir, de sentir qu’on avance dans la bonne direction.

Penser à la planète, au partage, à la solidarité : ce sont des sujets qui me rendent heureuse.
On me dit parfois que c’est “radical”. Moi, je crois que c’est vivant. S’engager pour le bien commun, ce n’est pas extrême : c’est joyeux, concret, et ça fait du bien.
Et puis il y a la cohérence. Quand ta vie personnelle et ta vie professionnelle racontent la même histoire, tu trouves une paix intérieure. C’est ça, mon vrai moteur.

Le souffle collectif !

E.C. : Qu’est-ce qui t’aide à ne pas baisser les bras ?
A.-L.M. : Le collectif, sans hésiter. Les réseaux comme B Corp ou le CJD, tous ces espaces où on partage nos doutes et nos pratiques. Ça évite de se sentir seule.

Et puis…
Et puis, il y a une forme de frustration aussi. On parle beaucoup d’engagement, mais les politiques publiques ne suivent pas. Aujourd’hui encore, dans certains marchés publics, la RSE compte pour deux points sur vingt. Deux.

Quand on voit les efforts qu’impliquent la gouvernance participative, le partage de la valeur, la transparence… c’est dérisoire.

Si l’État mettait vraiment “le vent dans le dos” des entreprises engagées, on pourrait aller beaucoup plus loin. En attendant, je continue de faire ma part. Parce que cet élan-là, cette cohérence-là, c’est ce qui me donne envie de me lever le matin.

Conclusion – La responsabilité comme mouvement

Chez Anne-Laure Marin, la responsabilité n’a rien d’un poids : c’est un élan. Ce n’est pas une posture mais un souffle qui alimente la cohérence. Cohérence qui relie l’équipe et nourrit le quotidien ! Cette responsabilité est un mouvement pensé dès le départ, qui conjugue lucidité et joie, exigence et bienveillance, long terme et temps du quotidien !

Par Eloi Choplin : « Cette conversation me rappelle à nouveau pourquoi j’aime échanger avec celles et ceux qui font de l’engagement une pratique quotidienne. Chez Initiale, la responsabilité n’est pas un label, mais une manière naturelle de penser et d’agir. Ce n’est pas un modèle plaqué, c’est une attitude née d’un parcours, d’une conviction et d’un collectif qui respire ensemble. C’est aussi pour cela que nous aimons travailler en lien étroit avec Anne-Laure Marin et son équipe ! »

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