RSE de Butagaz : de la bouteille de gaz à la flamme de l’engagement

Octobre 2024

Entretien avec Anne-Stéphanie Pierry, Directrice communication et RSE du Groupe Butagaz, Présidente de la Fondation du Groupe
Propos recueillis par Éloi Choplin

Explorer la RSE à travers celles et ceux qui la vivent

Face à l’urgence écologique et sociale, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’intentions. Cette série d’entretiens donne la parole à celles et ceux qui font vivre la responsabilité au quotidien.

C’est pour cela que nous avons décidé de lancer une série d’échanges réguliers avec des responsables RSE engagés — qu’ils soient dirigeants, managers, communicants ou membres de comités exécutifs.

➡️​Derrière la RSE, paroles d’engagements

À travers ces entretiens, nous explorons la façon dont l’engagement se construit : souvent sans plan, à force d’intuition, de tensions, d’essais et d’erreurs. Il ne s’agit pas de dresser des modèles, mais de comprendre comment la RSE s’enracine peu à peu dans les cultures d’entreprise, jusqu’à devenir un langage commun.

RSE de Butagaz : une flamme collective et sincère


Chaque échange révèle une manière d’agir, une cohérence, une trajectoire singulière.


Ce premier épisode s’ouvre avec Anne-Stéphanie Pierry, qui revient sur la naissance et la croissance de la RSE au sein du Groupe Butagaz : un acteur historique de l’énergie qui a su transformer une initiative interne en véritable levier de transformation collective et durable.

Une démarche née du terrain

Éloi Choplin : Quand vous êtes arrivée chez Butagaz, il y avait déjà une politique RSE ?

Anne-Stéphanie Pierry : Pas du tout. J’ai même posé la question pendant mes entretiens : “Et le développement durable, vous en êtes où ?”.
Silence. Rien sur le site, rien sur LinkedIn : à l’époque, le sujet n’existait tout simplement pas.
Ce n’était pas du désintérêt, plutôt de la pudeur. Butagaz vient du pétrole : parler de durabilité à ce moment-là, c’était presque provocateur. On craignait d’être accusés de greenwashing.

En arrivant, j’ai découvert une entreprise profondément honnête, pas dans le vernis mais dans le faire. Des gens engagés, très opérationnels, qui agissaient déjà bien, mais sans jamais mettre le mot “RSE” dessus.

Les débuts ont été très artisanaux. Entre deux projets de communication, j’échangeais avec des collègues du marketing, des RH, de l’innovation… et on s’est dit : « pourquoi attendre qu’on nous demande de le faire ? Faisons-le« . On s’est auto-proclamés “cellule RSE”. Sans mandat, sans budget, juste l’envie de formaliser ce qui existait déjà.

C’est là que j’ai compris que la RSE ne pouvait pas être l’affaire d’une personne. Elle ne vit que si elle devient collective. Si elle reste dans un service, elle s’éteint.

On a commencé à recenser nos pratiques, à compiler les initiatives éparses, et on les a soumises à Ecovadis. Le verdict : une médaille d’argent. Ni triomphante, ni décevante : un point de départ honnête, qui nous a donné envie d’aller plus loin.

Ecovadis : mesurer pour progresser

Anne-Stéphanie Pierry : Ecovadis a été un vrai révélateur. Ce n’était pas une récompense, mais un cadre de progression. On a dû formaliser, documenter, s’auto-questionner. Les achats responsables, la politique environnementale, la formation, la santé et la sécurité, la diversité… tout a été passé au crible.
Ce travail a mis en lumière des fragilités, notamment dans la traçabilité de nos actions ou la dépendance à certaines personnes-clés. On n’avait pas le bon vocabulaire au départ. On a découvert les indicateurs au fur et à mesure. Et en réalité, la RSE n’est pas un process linéaire : on se trompe, on ajuste.

Mais c’est aussi ce qui nous a permis d’avancer : la RSE ne se décrète pas, elle s’apprend.

Ecovadis a eu un rôle presque pédagogique : il a obligé chacun à comprendre ce qu’était réellement la RSE et à s’approprier les sujets. On a appris ensemble, avec les équipes RH, les achats, la communication, et le soutien du COMEX, qui a cru très tôt à la démarche sans chercher à la récupérer. On a eu de la chance d’avoir un COMEX à l’écoute. C’est aussi cela qui nous a donné la légitimité.

La RSE comme reflet de l’identité du groupe
Cette dynamique de progression n’est pas seulement une affaire de scores ou de labels.
Elle traduit un mouvement plus profond : celui de l’identité de Butagaz, en transformation continue.

“Notre évolution énergétique, du gaz au multi-énergies, a marché de pair avec notre évolution culturelle.”

Au moment même où le groupe diversifiait ses offres vers l’électricité, le biogaz ou les pellets, la RSE a joué le rôle de fil conducteur. On a appris à raisonner en écosystème, à penser impact plutôt que simple produit. Cette posture irrigue aujourd’hui toutes nos décisions, du choix des partenaires à la conception de nos offres.
En somme, la RSE n’a pas accompagné la mutation de Butagaz : elle l’a incarnée.

RSE de Butagaz : une flamme collective et sincère

Dans la RSE, le défi de l’essaimage !

Comment cette démarche s’est-elle structurée ensuite ?

Anne-Stéphanie Pierry : Lentement, et heureusement. On n’a jamais voulu en faire une tour d’ivoire.
Pendant plusieurs années, c’était une démarche transversale : chacun donnait un peu de son temps, selon son appétence. Puis on a structuré une équipe.

Notre rôle, ce n’est pas de tout faire, mais de créer les conditions pour que la RSE se diffuse.
Certaines directions, comme les achats ou les RH, ont adhéré immédiatement. D’autres ont mis plus de temps à se sentir concernées. Et dans nos filiales européennes, les cultures et les maturités varient énormément. Il faut accompagner sans contraindre, relancer sans fatiguer.

C’est parfois frustrant, mais c’est le prix de la sincérité : une RSE qui vit, c’est une RSE qui apprend.
Et il faut accepter que tout ne soit pas parfait. Le reporting est exigeant, les preuves à rassembler sont nombreuses, mais ces efforts font partie du chemin.

On a aussi dû trouver un équilibre entre centralisation et autonomie. Si on garde tout au siège, les équipes se désengagent. Si on laisse tout ouvert, ça se dilue. Alors on anime, on relie, on soutient. On aide à construire des plans d’action réalistes. Et, petit à petit, l’envie s’installe.

Rien ne s’est fait du jour au lendemain. C’est en avançant qu’on a pris confiance, en partageant les réussites et les erreurs. La RSE, c’est un long travail de patience, d’ajustement, d’écoute.

De la conviction à la compétitivité

Anne-Stéphanie Pierry : Ce qui, au départ, relevait d’une conviction intime est devenu un levier de compétitivité. De plus en plus d’appels d’offres exigent une certification RSE. Une de nos filiales a même reçu un message d’un client : “Passez la certification, sinon nous serons obligés d’arrêter !”
On a compris alors que la RSE n’était plus un supplément d’âme, mais une condition d’accès au marché.

Cela nous a aussi permis d’affirmer ce que nous sommes : une entreprise sincère. On ne communique pas pour séduire, on agit pour être crédibles.
Il y a toujours cette tension entre faire sincèrement et raconter ce qu’on fait sans tomber dans la com’. On essaie de rester justes : montrer ce qu’on fait bien, sans exagérer.

Cette cohérence nourrit la fierté interne. Les collaborateurs se reconnaissent dans ce projet, ils y trouvent du sens. Et cette fierté rend l’entreprise plus attractive, notamment pour celles et ceux qui veulent contribuer à un projet durable.

La Fondation groupe Butagaz s’inscrit dans cette continuité : elle soutient des projets concrets, proches du terrain, souvent proposés par nos collaborateurs, qu’il s’agisse d’actions de solidarité locale, d’éducation ou de sensibilisation à l’énergie. C’est une manière d’agir là où nous sommes implantés.

La sincérité dans la RSE, fil rouge du dialogue

Anne-Stéphanie Pierry : Ce qui tient tout ça, c’est le dialogue.
Dès le départ, on a travaillé en groupe pluridisciplinaire, en lien étroit avec le COMEX.
Ces rendez-vous réguliers ont permis d’exister sans s’imposer, de faire avancer la démarche sans la décréter.
Rien n’a été imposé d’en haut : la légitimité s’est construite pas à pas.

C’est pour ça que je dis souvent que la RSE chez nous, c’est une histoire de sincérité.
On faisait déjà plein de choses avant de l’appeler ainsi.
Aujourd’hui, la boîte ne s’arrêterait pas sans la RSE… mais elle ne serait plus la même.

Une fondation comme prolongement naturel
Cette attention aux gens et aux territoires s’est prolongée avec la Fondation groupe Butagaz, que j’ai l’honneur de présider. Elle soutient des projets de solidarité et d’amélioration du quotidien, souvent portés localement par nos collaborateurs.

“Ce sont eux qui repèrent les besoins, qui nous font remonter les idées.”

Des initiatives pour aider des familles à mieux se chauffer, pour réhabiliter des lieux de vie, pour soutenir des associations environnementales locales. C’est notre manière d’être utiles, de rester proches des territoires où nous travaillons. La fondation n’est pas une vitrine, mais une continuité : le visage solidaire d’une entreprise qui agit, sans grands discours.

On apprend encore tous les jours. La RSE, c’est un mouvement continu : il faut rester curieux, modeste, exigeant.

> Le rapport Développement Durable du groupe Butagaz

En conclusion : la RSE, ce langage commun,

Ce que raconte Anne-Stéphanie Pierry, c’est une transformation qui ne s’écrit pas dans un rapport, mais dans la culture. Une mutation née du terrain, humble, patiente, portée par le dialogue et la sincérité — deux valeurs qu’on partage profondément chez Aggelos.

Par Eloi Choplin – « Cette conversation me rappelle pourquoi j’aime écouter les entreprises parler de leurs transformations. Chez Butagaz, la RSE n’est pas un vernis mais un mouvement organique : un geste de sincérité, devenu structure avec le temps. C’est le passage d’une logique de conformité à une logique de culture.
Et c’est exactement ce que nous, chez Aggelos, cherchons à accompagner : ces trajectoires où la responsabilité n’est pas seulement un cadre réglementaire, mais une aventure humaine, collective, incarnée. Observer, structurer, faire récit : c’est notre rôle de partenaire engagé, à la croisée de la communication, du sens et de la transformation. »

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